Aujourd’hui, l’Afrique est considérée comme l’une des régions les plus prometteuses pour les développeurs hôteliers. Outre les petites chaînes et les indépendants, quatre groupes hôteliers mondiaux dominent les signatures et les ouvertures sur le continent.

Au cours des quatre derniers trimestres 2019, Accor, Hilton, Marriott International et Radisson Hotel Group ont ouvert 2800 chambres et signé des accords pour 6600 chambres.

L’état des lieux

En Afrique, le développement hôtelier reste important dans la plupart des économies avancées, comme le Maroc et l’Afrique du Sud et les projets se multiplient en Afrique de l’Est, surtout en Éthiopie, au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda.

En Afrique de l’Ouest, le Nigeria est de retour sur la scène du développement grâce à l’émergence de destinations régionales au-delà d’Abuja et de Lagos. L’Afrique francophone évolue également rapidement.

Le Ministère ivoirien du tourisme a lancé un ambitieux plan national de développement touristique, Sublime Côte d’Ivoire, et a déjà annoncé un investissement de plus de 1 milliard de dollars dans le secteur.

Le Sénégal est l’autre star régionale, avec des programmes locaux comme le grand centre urbain Diamnadio, Lac Rose près de Dakar et Pointe Sarene.

Le grand centre urbain Diamnadio

Le Bénin, le Cameroun, la Guinée, le Niger et le Togo sont d’autres pays où le développement hôtelier est actif. Les nouvelles liaisons aériennes vers le continent et à destination de l’Afrique de l’Ouest, ont modifié les enjeux.

Grâce à la croissance d’Ethiopian Airlines et d’autres transporteurs, comme EmiratesKenya Airways et Turkish Airlines, la situation a changé et de nouveaux itinéraires sont proposés aux voyageurs. Par exemple, il est désormais possible de voler directement de New York à Abidjan, où se trouve la Banque africaine de développement (BAD), et à Lomé, où se trouve la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BOAD).

Ainsi, avec l’augmentation des voyages, le commerce augmente. Selon l’OMT, les arrivées de touristes internationaux en Afrique ont augmenté de 7% en 2018, l’un des taux de croissance les plus rapides au monde avec l’Asie de l’Est et le Pacifique.

L’analyste des données de vol, ForwardKeys, a récemment confirmé que cette tendance se poursuivait. En 2019, l’aviation africaine a connu une croissance de 7,5% et c’est le marché de croissance remarquable pour le premier trimestre 2020. Au 1er janvier, les réservations internationales à l’étranger étaient en avance de 12,5%, 10% vers les autres pays africains et 13,5% pour le reste du monde. En tant que destination, l’Afrique devrait également bien se porter, les réservations en provenance d’autres continents étant actuellement en avance de 12,9%.

D’autres facteurs en ligne de compte

Le deuxième facteur est la croissance économique supérieure de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest, qui se développent beaucoup plus rapidement que la plupart des économies les plus avancées du monde.

Selon les données de la Banque mondiale pour 2018, plusieurs pays, comme le Bénin, le Burkina Faso, la Gambie, le Ghana, la Guinée, la Côte d’Ivoire et le Sénégal croissent à 6% par an ou mieux, plus du double de la moyenne mondiale qui est de 3%. C’est une puissante attraction pour les investisseurs internationaux.

Mais ce n’est pas tout. A mesure que la prospérité augmente au niveau national, il en va de même pour l’industrie locale des services financiers ce qui engendre un besoin d’investissement avec une bonne partie de ce capital qui se concentre sur des projets immobiliers et de nouvelles infrastructures nationales. Au fur et à mesure que ces projets se concrétisent, une plus grande prospérité est générée et donc un cycle vertueux est stimulé, qui agit comme un catalyseur pour le développement économique ultérieur.

La monnaie est le troisième facteur. Le franc CFA devrait être abandonné et 15 pays d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) adopteront l’Eco, une nouvelle monnaie commune flottante, conçue pour réduire le coût des affaires entre les pays concernés et ainsi augmenter le commerce. Cependant, bien qu’il existe un grand enthousiasme pour l’Eco, il est quelque peu critiqué entre autre parce que les économies des pays participants sont à différents stades de développement et les gouvernements peuvent avoir du mal à adhérer aux directives convenues pour gérer leurs économies.

Le quatrième facteur est la démographie. La population est jeune et connaît la croissance la plus rapide de toutes les grandes régions du monde. Selon Philippe Doizelet, directeur associé, Horwath HTL « elle se caractérise également par une soif d’apprendre et une confiance en l’avenir. Les gens voient leur niveau de vie s’améliorer et ils sont désireux de saisir les opportunités. Nous voyons cet état d’esprit reflété dans l’industrie hôtelière, c’est incroyablement rafraîchissant et cela attire des entreprises ».

Toutefois….

Horwath HTL identifie également 4 facteurs qui menacent le progrès économique :

  • les questions de sécurité;
  • l’agenda politique;
  • la gouvernance;
  • l’augmentation de la dette publique qui a été contracté sous forme de prêts à long terme des Chinois pour construire des infrastructures

Cela dit, le ratio dette / PIB de nombreux États d’Afrique de l’Ouest est encore inférieur à celui de nombreux pays hautement développés.

Selon les propose de Matthew Weihs, directeur général de Bench Events, qui organise la FIHA « L’Afrique n’est pas l’endroit le plus facile pour faire des affaires, mais c’est un endroit incroyablement excitant car les opportunités l’emportent largement sur les menaces. Chaque fois que nous organisons un forum d’investissement hôtelier, nous voyons de nouvelles ouvertures d’hôtels annoncées et rencontrons de nouveaux acteurs désireux d’entrer sur le marché. Les délégués de la FIHA construisent littéralement l’avenir de l’Afrique sous nos yeux et toute personne qui assiste à la conférence a la possibilité de participer. »